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GERRY ATTACHIE PARLE DE GAT TAH KWĄ̂ (MONTNEY) (R.I. 172)

CATALOG NO.: DZVMCDV-7-22-05-01.

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Je m'appelle Gerry Attachie. Je suis né à Siphon Creek, Tsíísooʔa̹ a̹deh, en 1948, le 29 octobre 1948 et j'ai grandi à Petersen's Crossing.

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Nous sommes restés là pendant une dizaine d'années, de 1950 à 1960.

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C'est autour de 1899 que le traité a été signé au vieux Fort. Un de mes arrières grands-pères a signé, il a mis un "X" dessus. Et ce qu'on appelle "Traité de Paix," ils ont signé le Traité pour que les premiers colons, les chercheurs d'or puissent aller vers le nord, en Alaska, au Yukon, pour trouver de l'or. Mais ils ne pouvaient pas passer par là, les nôtres ne les laissaient pas passer.

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Ils ne voulaient pas que, ici, des gens traversent la région. Ils les arrêtaient donc et ils les gardaient prisonniers. Je ne sais pas combien de temps, finalement ils ont négocié et ils ont signé le Traité de Paix.

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Et, aux environs de 1916, nous, ils nous ont donné la réserve de Montney. C'est à peu près à sept milles au nord de Fort St John, il y a 18.000 acres.

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On appelle ça le rassemblement de "Where's Happiness Dwells," ["Là où se trouve le lieu du bonheur"] un lieu de rencontre. On est donc resté là, entre 1916 et 1945.

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Et en 1940, la compagnie pétrolière a demandé la permission de faire des forages dans les environs, dans la RI-172 [Montney]. Les nôtres leur ont donné la permission d'aller de l'avant. Et c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont fait, fait quelques forages.

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A cette époque, au début des années 40, le gouvernement et les habitants de Fort St John, ils, ils voulaient cette terre de Montney, les fermiers. Ils pensaient qu'elle était bonne à cultiver, et alors, les nôtres, la Première Nation, ne l'utilisaient pas. C'est ce qu'ils disaient.

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Et, mais des personnes qui travaillaient au ministère des Affaires indiennes, elles ont dit: "Les Indiens feront de l'agriculture un de ces jours, et dans l'avenir ils cultiveront." Mais vers 1943-1944, ils ont exercé beaucoup de pression sur notre Chef Succone, notre Chef. Ils voulaient cette terre, et finalement en 1945 ils ont fixé une date et le 20 septembre 1945, la renonciation eut lieu à Petersen's Crossing, qui se trouve à 10 milles à l'ouest d'ici.

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Euh, ils ont ramené des trappeurs, mais certains sont repartis, ils n'arrivaient pas à les trouver. Et ils ont ramené des gens là, à Petersen's Crossing, mais pas beaucoup. Il y en a qui sont partis. Ils ont ramené des gens de Prophet River. Et je ne me rappelle pas ce qui est arrivé. D'après certains des nôtres, il y en avait qui ne votaient pas.

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En tout cas, la terre était vendue, 18,000 acres pour des anciens combattants. Et aujourd'hui, quarante deux fermiers possèdent les droits miniers en Colombie britannique. Ce sont les fermiers de Montney - RI-172.

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Mais tandis que nous, j'ai grandi là-bas à Petersen's Crossing, on parlait de ce qui s'était produit à Montney, eux, ils pensaient à la réserve.

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Selon certains, quand ça a été vendu en 1945-1946, des gens sont revenus à la réserve. Mais c'était clôturé à certains endroits et ils disaient "Vous ne pouvez pas revenir ici. Ça a été vendu." Et c'est à ce moment-là qu'ils ont su, que certains ont su que ça avait été vendu, en 1945, oui.

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Aux environs de 1970-74, je suis devenu Conseiller. En 1976, j'ai été élu Chef, pour les Premières Nations de Blueberry et de Doig River en même temps. C'est à ce moment-là que je me suis énervé plus ou moins. J'ai lu des livres, un livre qui s'appelait "Peacemaker" (Artisan de la paix). Et je le lisais, et j'ai trouvé une petite histoire sur Pine View, la réserve de Pine View, disait-on, la RI 172. Il y avait même une carte, les parcelles, chaque quart de section, et euh.

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On dit là que l'ancienne réserve, de Montney, avait été vendue en 1945 et ensuite que les droits miniers afférents à cette RI-172 avaient été oubliés, c'est ce qu'ils ont dit. Alors j'ai pensé, ainsi, les gens parlaient de ça. Ils n'avaient que dix dollars pour deux ans, vingt dollars par personne. Ils l'appellent l'argent nan soniiye.

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L'argent de la terre, nan soniiye. Ils ont demandé: "Qu'est-ce qui est arrivé au nan soniiye." C'est à ce moment-là que j'ai commencé à fouiller ça un peu plus, et j'ai essayé de communiquer avec les Affaires indiennes. Et ça a amené à ça, à l'Agent des sauvages, Tony Watson, et nous nous sommes assis et nous avons fixé une date, sorti tous les documents. Et puis, un avocat est venu à Fort St John, Callison. Et nous sommes tombés sur des problèmes, immédiatement.

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Les avocats coûtent cher, ils ne font rien pour rien, il leur faut de l'argent, et tout ça était nouveau pour moi. Je ne m'y connais pas beaucoup en droit, ni en avocats, on doit avoir, ils doivent avoir une représentation en justice et tout le reste. Et on a commencé à chercher de l'argent.

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On a fini par obtenir l'argent d'une petit bande juste de l'autre côté de la frontière. Et parfois les gens peuvent dire, vous savez, "Les Indiens devraient s'entraider." Mais quelquefois, quand on en arrive à des choses comme ça, c'est pas aussi simple. C'est différent. On se bat, on voyage énormément. Et enfin, on obtient un peu d'argent pour commencer. En 1987, on est allé devant le tribunal.

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Nous avons perdu. Ils nous ont dit qu'on avait dépassé de six mois les délais de prescription. Il y a trente ans, la Limitation Act a été votée en Colombie britannique, en 1974, et c'est à elle qu'on s'est heurté, et on s'est retrouvé face à un juge mal dégrossi, assez borné; il s'appelait George Addy.

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Euh, on est allé en appel, devant trois juges, en 1992. L'un était un Noir; il se nommait Isaac. Les deux autres, des Blancs, ces deux juges blancs étaient contre nous, mais l'autre, le Noir, Isaac, il a dit que les Indiens avaient là un bon cas de litige. C'est pourquoi, on a fait appel devant la Cour suprême du Canada en 1995, et c'est là qu'on l'a emporté. On a juste conclu un accord.

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Et avec cet argent, on a construit cette salle ici, ce complexe, la piste du rodéo et certains des bâtiments. Mais ce qui est triste, c'est que, quand on a commencé ce procès, certains des Anciens ont dit qu'ils étaient satisfaits, c'est ce qu'ils ont dit. Ils voulaient qu'on nous rende justice parce qu'ils avaient souffert trop longtemps dans le passé. Et ils sont morts.

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Mais maintenant, nous regardons l'avenir et nous sommes impatients de mettre en place quelque chose pour nos jeunes, la génération qui nous suit. Il y a une chose qui nous manque maintenant, quelque chose qui commence à disparaître lentement, c'est notre langue. On se bat pour ça. On essaye de la remettre à l'honneur. C'est pour ça qu'on vous a invités. Le musée ici aussi.

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J'espère que nous ne perdrons pas notre langue, et je veux juste finir là. Et merci encore à vous de m'avoir filmé dans votre vidéo. Haa guulaa. C'est tout.